Fribourg veut faire de la crise une chance

Article de Gil Egger – L’Extension Magazine (06.11.2020)

Devant le Cercle des dirigeants d’entreprise de Fribourg, le conseiller d’État Olivier Curty, en charge de la Direction de l’économie et de l’emploi (DEE), a montré que l’épisode de la COVID-19 ne présentait pas que des défauts. «Nous devons empoigner cette crise pour en extraire les opportunités», a-t-il affirmé.

Dans la crise sanitaire, vous tenez à poursuivre autant que possible les projets en cours. Quelle influence est-ce que cela aura sur le délai de réalisation et sur le coût ?
Nous avons au contraire prévu d’accélérer la réalisation des projets de l’État d’une manière générale et, en ce qui concerne la construction, les projets d’infrastructure, les assainissements et l’énergie, cela figure même au nombre des mesures du plan de relance.

Est-ce que cette crise a un impact sur les priorités, certains projets pourraient-ils être repoussés ?
La priorité a bien évidemment basculé vers la protection de la population et la lutte contre les effets de la crise économique provoquée par cette crise sanitaire. Mais parallèlement, les directions de l’État ont poursuivi leurs projets propres. À la DEE, nous avons par exemple présenté notre stratégie de Promotion économique, lancé le prix à l’innovation et le Fribourg Network Freiburg, mis sur les rails l’Établissement cantonal de politique foncière, et poursuivi nos projets sur les sites de St-Aubin, Romont ou Marly. En outre, la promotion économique cantonale continue, dans un contexte d’activité pour le moins difficile, de soutenir avec succès les implantations de nouvelles entreprises et d’accompagner un nombre intéressant de projets d’extensions d’entreprises existantes.

Les mesures d’aide aux entreprises sont envisagées comme ponctuelles; y en a-t-il qui pourraient devoir être prolongées ?
Depuis le 6 avril, le Conseil d’État a déployé deux paquets de mesures pour un total de 60 millions de francs. Premier canton de Suisse à le faire, il a adopté un plan de relance à 50 millions. À ceci s’ajoute une nouvelle mesure de compléments APG/RHT pour les entrepreneurs et les indépendants de 25 millions, ces deux dernières doivent encore être approuvées par le Grand Conseil. Ensuite il y aura le traitement des cas de rigueur avec une enveloppe de 5 millions. Le plan de relance prévoit une période d’exécution allant jusqu’au 31 décembre 2022. Pour ce qui est de certains cas spécifiques, la nouvelle loi sur la promotion économique nous permet d’agir sans date butoir.

Quelles sont les mesures concrètes concernant les opportunités que vous citez?
Cette crise est peut-être l’occasion de faire un saut technologique et un saut écologique en même temps, de renforcer très concrètement notre engagement dans le développement durable. Le saut technologique. Les entreprises ont tout intérêt à prendre le virage de la digitalisation. Cela peut déboucher sur de nouveaux produits ou de nouveaux marchés, et leur permettre d’améliorer leur productivité grâce à l’automatisation par exemple.

Les modes de consommation, circuits courts. Toute crise force à se poser des questions sur son mode de vie, sur sa manière de consommer ou de travailler. Je crois que les gens réalisent que, tant pour l’environnement que pour leur santé, il est préférable de consommer local. Les circuits courts sont vertueux aussi pour la santé de notre économie. Pour ce qui est de la plateforme Kariyon (NDLR : un nom tiré du patois, il permet l’achat de bons pour les commerces locaux), il s’agit là d’un projet que la DEE a soutenu dès le départ, clairement cette initiative a un tel succès qu’il est évident que les initiateurs envisagent de pérenniser cette structure au-delà de la crise COVID.

À ce titre, ils viennent de recevoir le soutien et le suivi que FriUP assure aux start-up prometteuses du canton de Fribourg. Efficience énergétique, développement durable : là encore il y a convergence entre l’intérêt et la responsabilité. Nous avons l’occasion de faire un saut écologique, de renforcer notre engagement dans le développement durable. Le taux de rénovation des bâtiments est très bas dans notre pays comme dans notre canton. Notre programme bâtiment permet par exemple de stimuler ces rénovations avec pour objectif une meilleure efficience énergétique. La mise en place d’un Centre de compétence et de rénovation du bâtiment est également à l’étude. Nouveaux business modèles : comme je le disais, il ne faut pas subir cette crise. Il faut l’empoigner pour en extraire les opportunités. Là c’est aux entrepreneurs de se montrer créatifs pour développer de nouveaux modèles d’affaires. Projets collaboratifs : nous avons une université, quatre écoles spécialisées et des centres de compétences dans des domaines aussi variés que la santé humaine ou l’habitat du futur. L’objectif est de favoriser le transfert technologique du monde académique vers les entreprises en multipliant les projets collaboratifs.

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