Le Conseil d’Etat veut aider les exploitants d’établissements publics à payer leur loyer de novembre. Alain Wicht-archives Economie » La deuxième vague de Covid-19 a touché de plein fouet certaines entreprises fribourgeoises, déjà fragilisées par la première. Pour les aider, le canton de Fribourg débloque une enveloppe de 23 millions de francs, destinée à financer trois mesures distinctes. Hier, le conseiller d’Etat Olivier Curty, responsable de la Direction de l’économie et de l’emploi, a précisé devant la presse les modalités de ce soutien à fonds perdu, qui entre en vigueur immédiatement.
1) Cas de rigueur à la mode fribourgeoise
L’ordonnance cantonale relative aux cas de rigueur prévoit des aides à fonds perdu pour les entreprises dont le chiffre d’affaires a diminué d’au moins 40%, y incluses les indemnités perçues pour réduction d’horaire de travail (RHT) ou les allocations pour perte de gain (APG). Ce soutien est plafonné à 10% du chiffre d’affaires, mais au maximum jusqu’à concurrence de 500 000 francs, à condition que la société ait été rentable avant le début de la crise. Celle-ci doit aussi disposer d’un plan financier démontrant que le coup de pouce étatique permettra d’assurer sa viabilité jusqu’à la pleine reprise des activités. Les entreprises déjà au bénéfice d’une aide sectorielle fédérale (culture, sport, transports publics, médias) sont proscrites du programme. «Parmi les éligibles, on devrait trouver des autocaristes, des agences de voyages, des sociétés actives dans l’événementiel, voire des hôteliers, notamment», précise Olivier Curty. Selon le vœu du Grand Conseil, un montant global de 15 millions de francs est prévu à cet effet. Il sera délivré aux bénéficiaires par tranches, sur une base trimestrielle, pour la période comprise entre avril 2020 et mars 2021. Le calcul devra également tenir compte des situations patrimoniale et fiscale des sociétés concernées. En fonction de l’importance de la seconde, l’aide pourrait être allouée sous forme de prêt sans intérêt ou de cautionnement. «Certains critères sont sévères, mais la stratégie du canton de Fribourg a été de respecter l’ordonnance fédérale pour ne pas risquer de perdre la contribution de Berne», poursuit le conseiller d’Etat. Qui ajoute: «Nous nous battons encore auprès de la Confédération pour obtenir un assouplissement de ces conditions, et notamment pour enlever les RHT et les APG dans le calcul du chiffre d’affaires. Le cas échéant, nous pourrons ainsi élargir le cercle des ayants droit.»
2) Loyers et intérêts hypothécaires
Autre béquille mise à disposition des établissements qui ont dû clore leurs portes lors de cette deuxième vague, une contribution aux loyers et aux intérêts hypothécaires. L’idée est la suivante: le canton finance 125% du loyer ou des intérêts hypothécaires mensuels de la dette Si la fermeture date du 23 octobre, et 90% de la somme si cela remonte au 4 novembre. L’argent est versé directement à l’exploitant. L’Etat de Fribourg attend également des propriétaires de «faire un geste supplémentaire en faveur de leurs locataires», au travers d’une réduction, voire d’une suppression de loyer, selon leur bon vouloir. Il espère en particulier que les collectivités publiques joueront le jeu, car les établissements qui leur appartiennent sont exclus de cette action de soutien, dont le coût est estimé à 7 millions de francs. Celle-ci court de la date de fermeture jusqu’au 30 novembre. «Le Conseil d’Etat se pose la question de prolonger les mesures sanitaires. Le cas échéant, il faudra aussi réfléchir à un allongement de cette aide», note Olivier Curty.
3) Compensation du montant des RHT
Le Conseil d’Etat veut également améliorer la situation des employés concernés par une réduction d’horaire de travail, faisant suite aux fermetures ordonnées. En effet, ceux-ci perçoivent en principe une indemnité correspondant à 80% de leur salaire habituel. Toutefois, le gouvernement cantonal se propose de compenser la moitié de la somme qui n’est pas indemnisée. Aucune démarche particulière ne doit être entreprise ni par l’employeur ni par l’employé. Le versement de cette compensation sera réalisé directement par la Caisse publique de chômage, sur la base de la demande initiale de RHT qui a été déposée pour le mois de novembre. Un million de francs est à disposition pour financer cette mesure.
4) Un complément pour les restaurants
Dans le cadre du plan de relance, un appui supplémentaire de 3 millions de francs a été décidé par le Grand Conseil en faveur des restaurants, des bars et des discothèques. «Dans une logique de relance, cette aide ne sera délivrée qu’à partir du moment où les établissements pourront rouvrir», souligne Olivier Curty. Ce complément sera calculé sur la base des coûts fixes et au prorata des pertes de chiffre d’affaires au moment de la reprise. Avec ces nouvelles dispositions, ce sont désormais plus de 156 millions de francs qui ont été débloqués à ce jour au niveau cantonal pour voler au secours de l’économie fribourgeoise, que ça soit pour lutter dans l’urgence contre les effets de la crise ou stimuler une reprise à plus long terme. »
L’ACTION KARIYON PROLONGÉE
L’Etat de Fribourg prolonge l’action Kariyon, lancée cet été et qui a été un succès, comme l’annonçait hier un communiqué de presse. Le canton a mis 2 millions de francs sur la table afin d’accorder un rabais de 10% sur les bons Kariyon en vue d’achats auprès de commerces ou services fribourgeois. L’opération démarre aujourd’hui. Les bons sont valables auprès de l’ensemble des commerces et des prestataires de services locaux référencés sur la plateforme kariyon.ch, et non plus auprès d’un seul commerce. Ces bons ont une valeur maximale de 500 francs, avec une limite d’acquisition de 2000 francs par personne. Ils ne sont pas valables pour les achats effectués en ligne. Le rabais spécial de 10% sera accordé jusqu’au 31 décembre dans la limite des montants disponibles – et les bons seront valables jusqu’au 30 juin 2021. Kariyon.ch recense aujourd’hui près de 1800 commerces, restaurants et entreprises de services de proximité.