Le site de Villars-sur-Glâne abritera un nouveau bâtiment modulable et un grand jardin avec des plantes
Economie » A Villars-sur-Glâne, dans la zone industrielle de Moncor, le groupe Richemont cultive la discrétion. Hier, en début d’après-midi, toutefois, une effervescence inhabituelle s’est emparée des lieux. Sous un soleil retrouvé qui fait rutiler leurs casques blancs, cadres de la société et invités de marque se pressent en essaim vers une amorce de chantier. Parmi eux, Jérôme Lambert, directeur général de la multinationale genevoise, converse avec Jean-François Steiert, président du Conseil d’Etat fribourgeois, et son collègue Olivier Curty, directeur de l’Economie et de l’emploi. Rare sur les bords de la Sarine, la présence du grand patron de ce géant mondial du luxe est très symbolique. Elle marque le début des travaux d’un nouveau bâtiment et d’un réaménagement du campus de l’entreprise.
«Le site de Villars-sur-Glâne a une importance stratégique pour Richemont. Depuis plus de trente ans, il en est la tête, le cœur, l’âme», fait remarquer le groupe dans sa communication.
Quinze entités
Spécialisée dans l’industrie du luxe (horlogerie, joaillerie, mode, prêt-à-porter), la compagnie financière Richemont recense quinze entités au sein de son complexe villarois, où elle est présente depuis 1972. Celui-ci abrite un centre mondial de distribution – qui vient d’être agrandi et modernisé pour un montant dépassant les 60 millions de francs – par lequel transitent les nombreux produits de la firme (montres, bijoux, écrins, lunettes, foulards, porte-monnaie).
On y trouve également une manufacture Cartier, les sociétés Richemont Europe et Richemont Suisse, ainsi que des pôles d’expertises dans les domaines de la logistique, des opérations, de la finance, des ressources humaines, du numérique, de l’e-commerce et de l’informatique. «Tous les jours, plus de mille collaborateurs s’y retrouvent. Villars-sur-Glâne est un site qui se modernise et qui se tourne résolument vers l’avenir», indique un communiqué.
Désuétude
Le nouvel édifice remplacera un bâtiment datant des années 1980, tombé en désuétude. Il hébergera le futur restaurant des collaborateurs, ainsi qu’un café-boutique, des salons de réception, une salle de sport, une infirmerie, des espaces de détente, de coworking et de convivialité. «Cet ouvrage respectera les normes de protection de l’environnement et la biodiversité: chauffage à distance, toiture végétalisée, recyclage du revêtement du parking qui sera démoli», souligne l’entreprise.
Le projet prévoit également un jardin de 5000 mètres carrés composé de plantes indigènes. Ce «poumon du campus» remplacera un parc de stationnement de 200 places. Au total, l’investissement consenti pour les travaux se monte à environ 11 millions de francs. Le chantier devrait s’étaler sur deux ans.
«Le fait que Richemont se concentre sur la durabilité dans la réalisation de son campus est un signe fort et un exemple pour nos zones d’activité, lesquelles doivent aussi être des lieux de vie. Les espaces verts prévus sont une pièce importante du puzzle qui contribuera à l’attractivité du campus», relève Jean-François Steiert, responsable par ailleurs de la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions.
Egalement présent à ce lancement des travaux en compagnie de la vice-syndique Caroline Dénervaud, le syndic de Villars-sur-Glâne Bruno Marmier acquiesce: «Il est primordial que les entreprises puissent grandir de manière durable. Cette société est importante pour la commune et pour l’ensemble de la région.»
Acteur de poids
Il faut dire que Richemont est un contribuable essentiel pour la troisième ville du canton de Fribourg. Cette dernière aura sans doute pris bonne note des derniers résultats publiés récemment par le groupe. D’avril 2020 à mars 2021, ses ventes se sont établies à 13,1 milliards d’euros (14,4 milliards de francs), en baisse de 8% par rapport à l’exercice annuel décalé précédent, à cause de la pandémie de coronavirus. En revanche, au niveau de la rentabilité, le bénéfice net a bondi de 38% à 1,29 milliard d’euros (1,41 milliard de francs), bénéficiant d’un effet financier unique.
En avril, la multinationale (29 000 employés de par le monde) a annoncé le déplacement de sa plateforme de service après-vente de Villars-sur-Glâne à Neuchâtel pour des raisons fonctionnelles – 60 collaborateurs sont touchés par cette manœuvre. C’est pourquoi Olivier Curty apprécie particulièrement les nouveaux travaux effectués dans la zone de Moncor. «Avec environ 1200 emplois, Richemont est déjà l’un des plus grands employeurs du canton de Fribourg. Nous sommes très heureux que le groupe continue à investir dans le site de Villars-sur-Glâne et à le développer en campus», précise-t-il.