
Un coup de fouet à l’agroalimentaire
Le canton de Fribourg a présenté la stratégie devant faire de lui le leader suisse dans le domaine
Les conseillers d’Etat Olivier Curty et Didier Castella ont présenté hier aux médias leur nouvelle stratégie de développement économique du secteur agroalimentaire. Un outil qui doit à terme faire de Fribourg le leader national dans ce domaine. «Le canton dispose déjà d’une force de frappe impressionnante grâce à un écosystème très riche avec une forte densité d’exploitations agricoles, d’entreprises transformatrices et d’instituts de recherche. Nous avons donc tout pour réussir», souligne Olivier Curty.
Manquait seulement, poursuit le ministre de l’Economie, un cadre, une sorte de feuille de route permettant de fixer des objectifs qualifiés d’ambitieux. Didier Castella renchérit: «La nouvelle stratégie telle que nous l’avons dessinée fluidifie les échanges et les synergies entre tous les acteurs concernés. Elle a pour but de dynamiser la recherche et l’innovation dans ce secteur essentiel pour notre canton. D’autant qu’en cette période de crise, l’agroalimentaire a fait preuve d’une capacité de résilience très importante qui contribue à la stabilité de notre système économique.» La branche représente aujourd’hui environ 11 900 emplois dans le canton de Fribourg, que cela soit dans l’agriculture, dans la transformation artisanale ou industrielle et dans la distribution.
Et elle est en pleine évolution. Ainsi, entre 2012 et 2028, les investissements publics en faveur des infrastructures devraient atteindre quelque 280 millions de francs, que cela soit pour le renforcement d’Agroscope à Posieux ou encore pour le développement du campus AgriCo à Saint-Aubin. De plus, selon les estimations de l’Administration cantonale, les investissements privés dans ce domaine devraient se monter, entre 2009 et 2023, à environ 1 milliard de francs, notamment grâce aux entreprises Nespresso et Micarna. Concrètement, la stratégie est articulée autour de trois programmes phares: le programme Agri et industrie 4.0 qui entend favoriser le déploiement de la numérisation et de l’automatisation dans l’agriculture, la valorisation de la biomasse ainsi que le programme Food living Lab pour étudier le comportement des consommateurs, notamment en matière de nutrition, en collaboration avec Agroscope.
«Ce sont des approches systémiques qui rassemblent et coordonnent les compétences des secteurs agroalimentaire et académique pour accompagner des projets à forte valeur ajoutée», précise Jerry Krattiger, directeur de la Promotion économique. Il cite un exemple: «Nous avons déjà lancé au niveau de la Nouvelle Politique régionale (NPR) un projet collaboratif dans le domaine du Smart farming impliquant des maraîchers du Seeland qui sont intéressés à utiliser des senseurs dans le cadre de leur production agricole. Celq permettra par exemple de connaître le degré d’humidité du sol ou encore la rapidité de croissance des plantes afin de mieux utiliser l’eau, d’augmenter la productivité et potentiellement de diminuer la quantité de pesticides utilisée.»
Emballer avec des plumes
Autre innovation: utiliser la kératine présente dans les plumes de poulet. «Aujourd’hui, dans le cadre d’un processus de boucherie, ces plumes sont brûlées, ce qui a un impact négatif en termes de C02.
Mais nous pourrions utiliser cette kératine pour fabriquer des films d’emballage. Nous pourrions même imaginer emballer du poulet avec du poulet», explique Jerry Krattiger. Il indique que la mise en œuvre de la nouvelle stratégie sera confiée au Cluster Food & Nutrition, à Bluefactory, sur la base d’un mandat de prestation. Un montant de 800 000 francs est prévu à cet effet pour cette année, ce qui permettra notamment la création de 1,4 équivalent plein temps. La pérennisation de l’organisation, de la gouvernance et de la mise en œuvre de la stratégie se fera à partir de 2022.